pascal qu est ce que le moi

AussiRousseau, bon lecteur de Pascal comme de La Rochefoucauld, saura-t-il distinguer entre l’amour de soi, qui est l’amour de ce que je puis savoir et estimer en moi-même (et l’on se souviendra ici que l’estime de soi est selon Descartes le fondement de toutes les vertus), et l’amour-propre, qui est seulement l’amour de l’image que les autres ont de moi, et qui est la Laformule de Pascal « Le moi est haïssable » est aussi désespérante que définitive,. Mais qu’est-ce que Pascal méprise dans ce moi ? L’amour-propre, analyse Antoine Compagnon, qui Onobservera cependant que la question même « Qu’est-ce que le moi ? » n’a jamais été reprise dans les éditions de Port-Royal : sur les motifs de cette suppression, comme sur d’autres corrections stylistiques apportées au texte de Pascal dans ce chapitre, voir V. Carraud, Des connaissances naturelles à l’étude de l’homme PASCAL– QU’EST-CE QUE LE MOI ? PENSEE : 323/688 EDITE PAR SEUIL DANS LA COLLECTION « L’INTEGRALE » EN 1963 . Cette pensée de Pascal pourrait répondre à la question de savoir si l’interrogation « qui suis-je? » pourrait admettre une réponse exacte. D’emblée en effet et comme in media res l’auteur pose le sujet de sa pensée sous la forme d’une question « Pascal « Qu'est-ce que le moi ? » Exemple d'une première et d'une FR. English Deutsch Français Español Português Italiano Român Nederlands Latina Dansk Svenska Norsk Magyar Bahasa Indonesia Türkçe Suomi Latvian Lithuanian česk ý русский български العربية Unknown. Self publishing . Se connecter à Yumpu News Se connecter à YUMPU Publishing . CLOSE TRY Rencontre Celibataire La Roche Sur Yon. Évangéliaire ouvert un Dimanche de Pâques. Par Marie-Josée Poiré, liturgiste, membre du comité d’orientation de la revue Vivre et célébrer. Elle est aussi membre du conseil de la Societas Liturgica. À la fin de l’été 1993, je travaillais avec un groupe d’étudiantes et d’étudiants de l’Institut de pastorale de Montréal sur les rapports entre liturgie et justice sociale. Alors que je tentais de leur expliquer ma compréhension de leur articulation dans leur commun enracinement dans le mystère pascal1, je fus interrompue par un participant – un animateur de pastorale très engagé – qui me lança Mystère pascal, mystère pascal … Tu parles de cela depuis tout à l’heure. Mais quel rapport la mort et la résurrection du Christ ont-elles avec ma vie à moi, aujourd’hui ? » J’ai interrompu là mon argumentation pour amorcer un dialogue avec le groupe. Cet échange m’a permis de constater que si, pour la plupart, la mort-résurrection du Christ est un fait fondateur de la foi chrétienne et de l’Église, ce fait n’en demeure pas moins du passé, avec peu ou pas de conséquences reconnues dans leur vie spirituelle personnelle et leur engagement. L’expression mystère pascal n’est pas qu’un concept théologique abstrait. Quand nous l’utilisons, nous parlons de la mort et de la résurrection du Christ, de son entrée dans la gloire et du don de l’Esprit qui leur est consécutif. Nous disons également que cet événement unique – qui est aussi, nous le verrons ci-dessous, un unique événement – d’il y a 2 000 ans nous concerne aujourd’hui. 25 ans après mon échange avec les étudiants de l’Institut de pastorale, près de 100 ans après les travaux fondateurs de Dom Odon Casel, plus de 70 ans après la publication du livre marquant de Louis Bouyer2, Le mystère pascal, plus de 50 ans après Vatican II, la place du mystère pascal, une des redécouvertes théologiques et spirituelles marquantes du XXe siècle, a peut-être encore à être reconnue dans la vie et l’expérience des chrétiennes et des chrétiens. Qu’est-ce que le mystère pascal ? » C’est ainsi qu’en 1961, 10 ans après la réforme de la Veillée pascale par Pie XII, moment clef du Mouvement liturgique du XXe siècle, et deux ans avant la promulgation de Sacrosanctum Concilium, le Père Aimon-Marie Roguet3 intitulait une communication à une session du Centre de pastorale liturgique français aujourd’hui SNPLS, de même qu’un article paru dans La Maison-Dieu. Il y présentait ainsi la structure » du mystère pascal[4] Article I. C’est la mort qui est en situation. Article II. La vie jaillit de la mort. Article III. C’est là l’œuvre de Dieu. Ces trois éléments de la structure, indissociables, se réalisent aux trois niveaux du mystère pascal Pâque des Hébreux, Pâque du Christ, Pâque des chrétiens5 ». La Pâque du Christ continue; elle se parfait chaque jour. Elle ne sera achevée que lorsque le nombre des élus sera complet, lorsque le corps du Christ aura atteint sa stature parfaite. Ceci est important à faire comprendre aux fidèles la Nuit pascale, avec ses baptêmes et ses renouvellements, n’est pas une commémoration stérile. Elle fait progresser, si l’on peut dire, la Pâque du Christ total[6]. Le Père Roguet rappelait la conviction fondatrice de l’Église, qui traverse les écrits apostoliques et patristiques Christ est mort et ressuscité pour l’humanité, pour nous faire passer avec lui de la mort à la vie. La mort du Christ est un exode, une traversée, un passage, préfigurée dans l’exode du peuple d’Israël, et qui annonce et accomplit le passage de toute l’humanité dans sa mort et sa résurrection. Une autre dimension du mystère pascal est peut-être plus difficile à saisir pour les chrétiennes et chrétiens du XXIe siècle. Les textes anciens qui nous sont parvenus nous apprennent que, lorsque les premières célébrations annuelles de Pâques ont été vécues, le Triduum pascal n’existait pas. Selon les Églises, Pâques était célébrée sur une journée ou deux, en fonction du moment où commençait le jeûne précédant la Veillée pascale. Cette Veillée pascale était célébrée durant la nuit du samedi au dimanche et le jeûne en faisant intégralement partie. Ce jeûne était le premier temps de la Pâque, du passage des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie. La Veillée se faisait pendant la nuit – et non pas à 19 ou 20 heures… – et consistait à écouter des textes de la parole de Dieu et à prier; elle s’achevait par la liturgie eucharistique et faisait passer du jeûne à la fête. Au moins dès le début du IIIe siècle, la fête inaugurée par Pâques a duré une période de 50 jours, appelée Pentecostè, la cinquantaine pascale. Le mystère pascal est donc vécu et compris – compris parce que vécu – comme le mystère total du Christ agonie et passion – mort – résurrection – retour glorieux au Père – don de l’Esprit. Le don de l’Esprit est une composante intégrale du mystère pascal selon le Nouveau Testament et la Tradition, le don de l’Esprit accomplit la promesse du Fils; il actualise », met au présent pour nous, aujourd’hui, le mystère pascal. L’Esprit du Ressuscité vit en nous, il est la vie de Dieu qui vit en nous, qui circule entre Dieu et nous. Les communautés chrétiennes des premiers siècles sont plus à même de saisir, à cause de cette célébration unique, que Pâques n’est pas une commémoration historique voulant évoquer les derniers jours de la vie terrestre du Christ. Elles peuvent comprendre et vivre Pâques d’abord et avant tout comme un dynamisme, comme l’exprime bien Dom Jean Gaillard Pâques, ce n’est pas simplement la passion et la résurrection, comme deux actes successifs. Non, Pâques est le passage de l’un à l’autre, le mouvement, l’unité dynamique de l’un et l’autre moment de ce mystère indivisible. C’est le mystère du Seigneur passant de ce monde au Père, de la vie mortelle à la vie glorieuse, par le chemin de la passion et de la mort sanglante sur la croix, et faisant passer son Église avec lui auprès du Père, en lui donnant naissance par ce passage même, faisant passer l’humanité pécheresse, qu’il sauve dans cet acte même, de la mort du péché à la vie de la grâce, de l’esclavage de Satan à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. Ainsi, la fête chrétienne de Pâque n’est pas seulement la commémoration de deux événements successifs, même ordonnés l’un à l’autre, la passion du Christ et sa résurrection. Elle est, en toute vérité et essentiellement, un mouvement, un passage, un dynamisme spirituel, puisqu’elle est la célébration liturgique de cet acte sauveur, par lequel le Seigneur Jésus-Christ passant de ce monde au Père, mourant pour ressusciter et pour donner la vie aux hommes par sa mort, fait passer avec lui son Église dans le royaume de la vie immortelle7. Donc, qu’est-ce que le mystère pascal ? Dans une situation de mort, Dieu agit pour faire passer le peuple d’Israël, son Fils premier-né et nous-mêmes de la mort à la vie. Mystère du passage du Christ qui nous entraîne avec lui de la mort à la vie, dynamisme, mouvement, le mystère pascal célébré dans l’action liturgique insère celles et ceux qui célèbrent aujourd’hui dans l’événement même dont fait mémoire la célébration. Vatican II et le mystère pascal8 Dans Sacrosanctum Concilium9, le mystère pascal est au centre de la première partie du chapitre 1, où l’on développe les principes généraux pour la restauration et le progrès de la liturgie » et la nature de la liturgie et son importance pour la vie de l’Église » 5. L’œuvre du salut accomplie par le Christ […] Cette œuvre de la rédemption des hommes et de la parfaite glorification de Dieu, à quoi avaient préludé les grandes œuvres divines dans le peuple de l’Ancien Testament, le Christ Seigneur l’a accomplie principalement par le mystère pascal de sa bienheureuse passion, de sa résurrection du séjour des morts et de sa glorieuse ascension; mystère pascal par lequel en mourant il a détruit notre mort, et en ressuscitant il a restauré la vie10 ». Car c’est du côté du Christ endormi sur la croix qu’est né l’admirable sacrement de l’Église tout entière11 ». 6. L’œuvre du salut continuée par l’Église se réalise dans la liturgie C’est pourquoi, de même que le Christ fut envoyé par le Père, ainsi lui-même envoya ses apôtres, remplis de l’Esprit Saint, non seulement pour que, prêchant l’Évangile à toute créature[12], ils annoncent que le Fils de Dieu, par sa mort et sa résurrection, nous a délivrés du pouvoir de Satan[13] ainsi que de la mort, et nous a transférés dans le royaume de son Père, mais aussi afin qu’ils exercent cette œuvre de salut qu’ils annonçaient, par le sacrifice et les sacrements autour desquels gravite toute la vie liturgique. C’est ainsi que par le baptême les hommes sont greffés sur le mystère pascal du Christ morts avec lui, ensevelis avec lui, ressuscités avec lui[14]; ils reçoivent l’esprit d’adoption des fils dans lequel nous crions Abba Père » Rm 8,15, et ils deviennent ainsi ces vrais adorateurs que cherche le Père15. Semblablement, chaque fois qu’ils mangent la Cène du Seigneur, ils annoncent sa mort jusqu’à ce qu’il vienne16. Greffés sur le mystère pascal du Christ par le baptême … » – En mourant, le Christ détruit notre mort; en ressuscitant, il nous fait vivre de sa vie, une vie nouvelle de Ressuscité, par l’Esprit. Par l’initiation chrétienne et la vie sacramentelle, nous sommes greffés sur le mystère pascal du Christ la vie du Christ circule en nous et la nôtre en lui; nous devenons membres du corps du Christ. Le mystère pascal est une constituante vitale – une greffe permet souvent de trouver un nouveau souffle ou même de revivre – de notre identité comme femmes et hommes sauvés par le Christ. On pourrait dire qu’il fait partie de l’ADN de l’identité du chrétien, de la chrétienne Le mystère pascal est l’événement qui nous fait qui nous sommes[17]. » La constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes s’appuie aussi sur le mystère pascal dans sa réflexion sur le Christ, homme nouveau ». Le chrétien, devenu conforme à l’image du Christ, premier-né d’une multitude de frères, reçoit les prémices de l’Esprit et est associé au mystère pascal[18] ; cette participation au mystère pascal est offerte à tous les hommes de bonne volonté » En effet, puisque le Christ est mort pour tous19 et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal20. Finalement, le décret sur l’activité missionnaire de l’Église Ad Gentes, dans le numéro 14 consacré au catéchuménat et à l’initiation chrétienne – paragraphe repris dans le numéro 1 des Notes doctrinales et pastorales communes à tous les rituels de l’initiation chrétienne – synthétise l’effet de l’expérience pascale pour tous les baptisés-chrismés-eucharistiés » Ensuite, délivrés de la puissance des ténèbres cf. Col. 1,13[21], par les sacrements de l’initiation chrétienne, morts avec le Christ, ensevelis avec lui et ressuscités avec lui cf. Rm. 6,4-11; Col 2, 12-13; 1 P 3,21-22; Mc 16,16, ils reçoivent l’Esprit d’adoption des enfants cf. 1 Th 3,5-7; Ac 8,14-17 et célèbrent avec tout le peuple de Dieu le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur. Le mystère pascal pour nous aujourd’hui Le mystère pascal est une réalité actuelle. Bien sûr, il se vit et s’expérimente dans l’action liturgique et sacramentelle où l’assemblée célèbre la présence et l’action reconnues de Dieu, Père, Fils et Esprit, le mystère pascal agissant en elle comme dans les fidèles. Mais celles et ceux qui proclament leur foi en cette présence et en cette action sont aussi invités à en reconnaître les signes aujourd’hui dans leur vie. Le baptême, l’eucharistie font participer à cette Pâque au plan sacramentel »; cependant, au plan existentiel, cela est toujours à poursuivre[22] ». Les baptisés expérimentent au quotidien le déjà là » et le pas encore » chers aux théologiens dans le Christ, ils sont déjà pleinement sauvés, mais ils ont à vivre au quotidien ce passage dans leur existence personnelle, familiale, professionnelle, spirituelle. Ce qui a été amorcé dans l’initiation chrétienne et est vécu dans l’action liturgique et sacramentelle se poursuit dans toutes les dimensions de leur vie que le Christ fait entrer, par le don de l’Esprit, dans la vie de Dieu. Jean-Marie-Roger Tillard, théologien canadien expert au concile Vatican II, le présentait ainsi, en s’appuyant sur Augustin d’Hippone il y a deux mouvements, du Christ aux fidèles » et des fidèles au Christ ce sont les deux faces inséparables de l’œuvre de l’Esprit ». Car les fidèles passent » dans le Christ avec leurs cris de peine et de souffrance pour la foi » qui deviennent ceux du Christ, leurs racines humaines et leurs solidarités qui deviennent celles du Christ, leurs joies et leurs victoires qui deviennent celles du Christ, leurs espoirs et leurs échecs qui deviennent ceux du Christ. Et le Christ passe » dans les fidèles avec sa Croix qui devient celle de ses membres, sa victoire et sa Résurrection qui deviennent celles de ses membres, son œuvre de réconciliation qui devient celle de ses membres, son Esprit Saint qui devient celui de ses membres, sa communion au Père qui devient celle de ses membres[23]. Il s’agit donc de reconnaître que les expériences de mort et de résurrection que nous vivons s’inscrivent dans le dynamisme de la mort et de la résurrection du Christ. Quelles sont ces expériences de passage de la mort à la vie? Cela peut être l’expérience de la mort d’un être cher et du long travail du deuil qui est souvent une renaissance; l’épreuve de la maladie vécue personnellement ou en accompagnant un proche dans les étapes de son parcours. Plusieurs personnes qui les subissent parlent de la dépression ou du burn-out comme d’expériences pascales. La perte d’un emploi, une séparation ou un divorce, événements éminemment douloureux, peuvent être occasions d’une nouvelle naissance. Le départ des enfants de la maison et la remise en question du couple qui s’ensuit peuvent faire passer à une vie nouvelle. Et il y a les passages, les remises en question fondamentales qui provoquent des virages existentiels radicaux retour aux études, émigration, décision de tout laisser pour s’engager dans un projet de coopération, etc. Mais pour qu’on puisse parler de tout cela comme d’expériences pascales, au moins une condition est requise la déprise de notre toute-puissance imaginaire, la reconnaissance que nous ne pouvons nous donner à nous-mêmes de vivre ces passages de la mort à la vie c’est là le don, l’œuvre de Dieu », Père, Fils et Esprit voir ci-dessus le troisième article du mystère pascal selon le Père Roguet. C’est donc toujours la Pâque du Christ, dans ses divers et indissociables aspects de mort, de résurrection et de don de l’Esprit, qui, à la manière d’une pompe aspirante et refoulante, constitue le cœur de la vie chrétienne. Ainsi, la vie du Ressuscité irrigue, par la force de l’Esprit, l’ensemble de l’existence humaine et la sanctifie; celle-ci devient alors, dans sa banale quotidienneté, un culte spirituel » ou un sacrifice saint et vivant » de louange à la gloire de Dieu Rm 12,1[24]. Il s’agit de vivre en état de passage. Vivre en état de passage pour naître, aujourd’hui, à la vie de Dieu passage du contrôle à l’abandon; passage de la suffisance à la reconnaissance du manque; passage de la fermeture à l’ouverture; passage du repli au déploiement; passage de l’inertie à la marche et au mouvement; passage de la peur à la confiance; passage du sommeil à l’éveil et à la veille; passage de la haine à l’amour; passage de la mort à la vie. Il s’agit de vivre et de reconnaître les passages de Dieu dans nos vies et de nous-mêmes dans la vie de Dieu, passages où nous naissons sans cesse à la vie d’enfants de Dieu à laquelle nous sommes appelés Et, jour après jour […] nous avons découvert ce vers quoi Jésus Christ nous invite. C’est à naître. Notre identité d’hommes va de naissance en naissance, et de naissance en naissance, nous allons bien finir, nous-mêmes, par mettre au monde cet enfant de Dieu que nous sommes[25]. Cet article est paru au printemps 2018 dans la Revue de pastorale liturgique et sacramentelle Vivre et célébrer. Cette revue est proposée par l’Office national de liturgie de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Vivre et célébrer Vivre et célébrer est une revue de réflexion et de formation à l’expérience liturgique et sacramentelle. Elle s’adresse aux responsables, aux intervenants et intervenantes en liturgie et à toutes les personnes qui souhaitent intégrer l’expérience liturgique et sacramentelle à leur engagement ecclésial et social. Chaque numéro comporte un dossier thématique, des fiches sur des pratiques liturgiques, des chroniques, des documents et des informations émanant de diverses instances ecclésiales. — [1] Voir Marie-Josée Poiré, De l’autel de l’eucharistie à l’autel des pauvres le mystère pascal en tension », Liturgie, foi et culture, n° 172, 2002, p. 3-9. [2] Louis Bouyer, Le mystère pascal, Paris, Cerf, coll. Lex Orandi, nº 4, 1945, 472 p. 5e édition revue et augmentée, 1960, 478 p.. Cette dernière édition a été republiée récemment Louis Bouyer, Le mystère pascal, Paris, Cerf, coll. Bibliothèque du Cerf, 2009, 480 p. [3] Voir Vivre et célébrer, n° 213, 2013, p. 23. [4] Aimon-Marie Roguet, Qu’est-ce que le mystère pascal? », La Maison-Dieu, nº 67, 1961/3, p. 5-22. Cet élément spécifique se situe aux pages 14 à 17. [5] Ibid., p. 15. [6] Ibid., p. 17. [7] Dom Jean Gaillard, Le mystère pascal dans le renouveau liturgique. Essai de bilan doctrinal », La Maison-Dieu, nº 67, 1961/3, p. 41-42. [8] Voici un rapide survol des mentions et évocations du mystère pascal dans quelques documents conciliaires. Dans la constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium SC, on le retrouve aux numéros 5-6, 61, 102, 104, 106, 107 et 109. La constitution dogmatique sur l’Église Lumen Gentium ne le mentionne pas explicitement, mais utilise souvent le concept de mystère, entre autres pour parler du mystère du Christ. La constitution dogmatique sur la révélation divine Dei Verbum évoque le mystère de notre salut no 15 et le mystère du Christ no 24 mais ne parle pas du mystère pascal. La constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes nomme le mystère pascal à quelques reprises nos 4, 5 et 38. Les citations de Vatican II qu’on retrouve ci-dessous sont extraites de Concile œcuménique Vatican II. Constitutions. Décrets. Déclarations, Paris, Centurion, 1967, 1012 p. [9] Dans les numéros 5 et 6 cités ci-dessous, les italiques sont de l’auteure. [10] Note 12 de SC Préface de Pâques, dans le Missel romain. [11] Note 13 de SC Cf. Saint Augustin, Enarr. in Ps. CXXXVIII, 2 CChr., XL. Turnhout 1956, p. 1991, et oraison suivant la 2e leçon du Samedi saint, dans le Missel romain, avant la réforme de la Semaine sainte. [12] Note 14 de SC Cf. Mc 16,15. [13] Note 15 de SC Cf. Ac 26,18. [14] Note 16 de SC Cf. Rm 6,4; Ep 2,6; Col 3,1; 2 Tm 2,11. [15] Note 17 de SC Cf. Jn 4,23. [16] Note 17 de SC Cf. 1 Co 11,26. [17] Traduction de l’auteure de Joyce Ann Zimmerman, Liturgy of the Hours. Toward Parish Implementation, Ohio, Institute for Liturgical Ministry at Maria Stein Center, 1992, p. 27. [18] Cf. GS, no 22, paragraphe 4. [19] Note 32 de Gaudium et Spes Cf. Rm 8,32. [20] GS, no 22, paragraphe 5. [21] Note 33 de Ad Gentes Sur la libération de l’esclavage du démon et des ténèbres dans l’Évangile cf. Mt 12,28; Jn 8,44; 12, 31 cf. 1 Jn 3, 8; Ep 2, 1-2. – Dans la liturgie du baptême cf. le Rituel romain. [22] Louis-Marie Chauvet, Au cœur de la vie et des sacrements, le mystère pascal », p. 127, dans Centre national de pastorale liturgique de Louis-Michel Renier, Exultet. Encyclopédie pratique de la liturgie, Paris, Bayard, 2000, 377 p. [23] Jean-Marie-Roger Tillard, Chair du Christ, Chair de l’Église. Aux sources de l’ecclésiologie de communion, Paris, Cerf, coll. Cogitatio Fidei, no 168, 1992, p. 75-76. [24] Louis-Marie Chauvet, op. cit., p. 129. [25] Christian de Chergé, L’invincible espérance, textes réunis par Bruno Chenu, Paris, Bayard/Centurion, 1997, p. 294; cité d’après la page consultée le 13 février 2013. Qu'est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ? Non ; car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées. 03 Sep By LinkedIn, Marketing de contenu, Marketing digital, Marketing personnel Pour conquérir de nouveaux marchés, pour lever des fonds, ou encore pour convaincre ses banquiers, le marketing personnel du dirigeant est devenu essentiel dans les entreprises. 1 Le concept de l’Ile au Trésor Imaginez qu’il existe une Ile au Trésor. Sa position sur la carte est incertaine. Par ailleurs l’Ile est entourée de récifs. Pour toutes ces raisons l’Ile n’a pas encore été découverte. Si vous n’êtes pas navigateur mais que vous cherchez l’Ile au Trésor, il va vous falloir trouver un capitaine capable de trouver la position exacte de l’Ile d’identifier les récifs qui empêchent d’accéder à l’Ile Si vous trouvez ce capitaine, vous lui ferez confiance pour vous conduire sur l’Ile. Qu’est ce l’Ile au Trésor? L’Ile au Trésor peut être Une idée de business La création d’une société à l’étranger Une fusion-acquisition Le développement d’une technologie nouvelle Le déploiement d’une solution L’Ile au Trésor est finalement tout futur projet d’entreprise réussi. Que sont les récifs? Les récifs sont l’ensemble des obstacles à venir qui s’opposent à la réalisation de ce projet d’entreprise. Ils peuvent faire couler le bateau comme le Titanic. Il est donc critique d’en avoir une bonne vision pour pouvoir les anticiper. Qui est le capitaine? Vous êtes capitaine si vous êtes dans l’une de ces situations Vous cherchez à vendre un projet à des investisseurs … Vous cherchez à vendre une solution, un service, un produit à des clients … Vous cherchez à vendre votre savoir-faire à un chef d’entreprise, à un décideur… La question que se posent vos interlocuteurs est la suivante Etes vous le bon capitaine? 2 Le marketing personnel en résumé Le marketing personnel est l’art de démontrer que vous êtes le bon capitaine pour les projets que vous souhaitez vendre. Il se décline en 4 axes. Axe 1 Montrer que vous avez l’expérience nécessaire pour réaliser le projet Votre profil LinkedIn, votre blog, ou encore votre CV, sont une relecture de votre histoire pour montrer que vous êtes né pour faire le job ». Axe 2 Montrer que vous êtes porteur d’une vision du futur Votre marketing personnel nous fait partager une analyse de l’avenir dans laquelle le projet que vous portez s’inscrit. De cette analyse découle un rêve, une ambition, un projet, dans lequel vous êtes engagé et que vous souhaitez partager. Cette vision du futur doit être claire ambitieuse fondée sur votre expérience Axe 3 Montrer que vous avez anticipé les obstacles au succès du projet Vos contributions sur votre blog, vos articles, vos posts sur LinkedIn doivent montrer que vous avez identifié le contexte du projet les enjeux associés les obstacles qui s’opposent à la réussite du projet Axe 4 Montrer que vous êtes un professionnel Etre professionnel, c’est ne rien laisser au hasard. Chaque détail de vos supports de présentation compte photo personnelle profil LinkedIn Vidéos Articles 3 Comment prospecter grâce au Marketing personnel La vente est ici prise au sens large. Il s’agit aussi bien de lever de fonds de produits, de service, de conseils de projets Quelque soit la méthode de vente, elle se concrétise par un contrat entre un vendeur et un acheteur. Comment vendre une centrale nucléaire? Un jour je discutais avec l’un de mes anciens collègues du Commissariat à l’Energie Atomique CEA au sujet des coopérations scientifiques et techniques à l’international dont il avait la responsabilité. Je lui posais cette question Pourquoi le CEA finance t-il la formation d’ingénieurs étrangers en France?». Il m’a répondu que si nous voulions vendre des centrales nucléaires à un pays il fallait former des ingénieurs de ce pays pour qu’ils voient les mêmes récifs que nous. Une fois qu’ils verront les mêmes problèmes techniques que nous, alors nos solutions leur apparaitront comme les meilleures. Acheteur-vendeur Avoir la même vision des problèmes à résoudre La plupart des ventes échouent en premier lieu parce que le vendeur et l’acheteur n’ont pas la même vision des problèmes à résoudre. Pour reprendre l’image de l’Ile au Trésor, cela ne sert à rien d’essayer de vendre une route vers l’Ile…si on ne partage pas la même vision sur les récifs car la route dépendra d’eux. Le Marketing personnel au service de la vente Comme professionnel, ou comme expert, les contributions que vous publiez sur votre blog ou votre profil LinkedIn ont pour but de poser les bonnes questions identifier les vrais enjeux révéler les obstacles à franchir Le but du marketing personnel est d’éduquer vos contacts sur les problèmes à résoudre et non de présenter des solutions. Votre expertise ne doit pas être discutable Votre marketing personnel doit donc renforcer votre image de professionnel s’appuyer sur des publications qui démontrent votre expertise Dites moi les questions que vous allez poser et je vous dirai si vous êtes un neophyte ou un expert sur le sujet. 4 Pour aller plus loin Le Marketing personnel, comme tous les marketings, est fortement dépendant de la culture dans laquelle on souhaite travailler. En Asie, en Europe, aux Middle-East, ou en encore aux Etats-Unis, la Japon, les codes et les attendus ne sont pas les mêmes. La légitimité sur un problème ne se démontre pas de la même façon. Pr. Pascal Faucon Dirigeants Pourquoi votre marketing personnel est stratégique? Pascal Faucon – CEO Qu’est ce que le marketing personnel? Me contacter Cliquer ici Explication 3 - Pascal, Pensées, Qu`est-ce que le moi Explication de texte Blaise PASCAL, Pensées posth. 1669, Qu’est-ce que le moi ? » Le tournant philosophique que constitue l’œuvre de Descartes, à la première moitié du XVIIe siècle, est associé à l’irruption du Moi » comme principe premier de la réflexion. Je » ne suis plus un terme second, une fois considéré Dieu, la totalité de la nature ou la communauté politique, mais la pierre de touche de tout fondement correct. Il semble permis d’apercevoir ici la genèse d’une pensée aux dimensions humaines, et par suite de l’humanisme qui se développera dans le courant du XVIIIe siècle, voire d’un existentialisme fin XIXe, début XXe siècle. Je suis, j’existe », représenterait le motif de la subjectivité triomphante, qui s’affirme contre tous les faux-semblants hérités de la soumission aux conventions religieuses ou sociales – et qui doit culminer dans la possibilité offerte à l’individu moderne d’enfin être luimême » ou de venir comme il est ». Pourtant, ce principe est-il un principe si fécond ? Peut-on aisément l’identifier et le mettre existentiellement en avant ? C’est ce que conteste Pascal, dans ce fragment des Pensées publiées seulement de façon posthume, en 1669 le moi » est pour les être humain sans consistance, il est facteur d’isolement puisque son identité échappe à autrui. Procédant par régression, Pascal établit en effet que si je ne suis pas les qualités de mon corps, ni celles de mon âme jugement et mémoire, et si ce qui reste est trop abstrait pour me caractériser en propre, alors on ne peut jamais apprécier chez moi que ce qui, emprunté, n’est pas moi. Si Descartes fait du moi » l’objet d’une auto-saisie, évidence hors de doute pour moi-même, il passe sous silence la façon dont je » peux être appréhendé par autrui – cet autre moi autre que moi. L’enjeu n’est pas mince, car comment placer le moi » comme point de départ des discussions scientifiques, mais aussi morales et politiques, s’il n’est pas partageable, si la subjectivité indubitable ne permet pas l’inter-subjectivité ? Ainsi, un homme qui se met à la fenêtre d’une rue, observant les passants, me voit-il véritablement, lorsque je passe, demande Pascal ? On pourrait être tenté de penser que oui, c’est d’ailleurs ce que l’on dit j’ai été aperçu par cet homme à sa fenêtre », autrement dit, c’est bien moi qui suis l’objet de sa perception. Pascal répond pourtant par la négative il ne pense pas à moi en particulier ». Et en effet, si j’y songe davantage, la vision qu’il porte vers moi me laisse indifférencié de tout autre homme, il pourrait estimer voir n’importe qui d’autre, voire quelque automate humanoïde portant, comme moi, manteau et chapeau. Cette distinction importante avait déjà été introduite par Descartes, dans sa Seconde Méditation, à propos d’un exemple similaire on a trop tendance à confondre, dans le langage, voir et juger voir. L’homme à la fenêtre ne voit de moi qu’une forme humaine habillée en mouvement, et juge voir là un passant. Mais ce jugement n’est que le produit d’une induction, basée sur ses expériences passées toutes les fois qu’il lui a été donné de le vérifier, les formes humanoïdes en mouvements sous des manteaux et chapeaux correspondaient effectivement à de véritables passants, il est donc probable qu’il en soit de même actuellement. Simplement, cela signifie qu’à rigoureusement parler, pour l’homme à la fenêtre, ce n’est pas moi ici et maintenant qu’il voit sous ce manteau et ce chapeau, mais un mélange plus ou moins abstrait d’autres passants. La situation serait parfaitement différente si l’homme à la fenêtre regardait la foule dans le but de m’identifier il m’attendrait parce que nous avons rendez-vous, mais il faut dans ce cas qu’il m’ait déjà identifié auparavant, qu’il connaisse déjà ce que je suis. Pascal suppose alors le cas où nous estimons être le mieux identifié par l’autre l’amour. L’amour, en effet, s’attache bien à la singularité de l’être aimé. On peut apprécier quelqu’un comme un autre ; l’idée d’amour suppose une impossible interchangeabilité. Celui qui est aimé est un moi incomparable, identique à lui seul. Mais comment l’amant identifie-t-il véritablement l’aimé ? Ou doit être située la singularité qui lui fait identifier une personne unique ? La réponse la plus évidente semble celle de la beauté. L’amant reconnaît l’aimé dans sa singularité corporelle. S’assurer que l’autre est sensible à ma beauté – et insensible à toute autre beauté potentielle –, cela semble bien vérifier qu’il est lié à moi à la façon du personnage de Camille au début de la fameuse scène d’ouverture du Mépris de Godard. Et pourtant, là aussi l’identification est rapidement contestable, tant il est aisé de désolidariser le moi de son existence corporelle la petite vérole aujourd’hui la variole, cette maladie sexuellement transmissible provoquant de fortes éruptions cutanées détruirait ma beauté, sans toutefois me tuer, moi. La reconnaissance amoureuse qui se portait vers mon corps tel qu’il était fait donc l’aveu qu’elle n’était pas reconnaissance de ce que je suis. N’est-ce pas précisément l’inquiétude de l’aimée de n’être l’objet que d’un amour de surface, qui s’éteindrait avec la vieillesse ou la maladie ? Il faut donc conclure ce premier jet le moi » n’est pas le corps – et l’autre ne peut, par suite, d’aucune façon me percevoir adéquatement. 1/2 Mais si, selon la Sixième Méditation, je ne suis certes pas dans mon corps comme un pilote en son navire », il reste que moi, chose pensante, ne saurais me confondre avec mon corps. Et si l’on admet que l’amour de la simple beauté n’est qu’un amour superficiel, c’est qu’il est possible à celui qui m’aime de s’attacher, au-delà de l’apparence physique, à ce qui me semble me caractériser bien davantage mon jugement et ma mémoire. Le jugement, qui désigne la synthèse personnelle de la rationalité et des sentiments, et la mémoire, témoin du vécu unique de chaque individu, semblent en effet conjointement le jugement est influencé par la mémoire du passé, la sélection opérée dans le tissu mémoriel est l’affaire du jugement me définir. Ne se trouve-t-on pas une affinité avec celui dont les souvenirs correspondent aux siens ? Ne trouve-t-on pas qu’apprécier les mêmes choses est se ressembler, au point que l’on puisse parler d’âmes jumelles ou d’âmes sœurs ? Descartes, pour définir ce que je suis, au début de la Seconde Méditation, parle bien d’une chose pensante, c’est-à-dire [d’]une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent », n’est-ce pas là l’être de jugement, appuyé sur sa mémoire ? Pascal, pourtant, d’invalider également cette piste je puis perdre ces qualités [mémoire et jugement] sans me perdre moi-même ». Aucune situation n’est ici mentionnée. Comment comprendre une telle affirmation, de prime abord assez contre-intuitive ? John Locke, dans son Essai sur l’entendement humain, vingt ans après la publication des Pensées, fera précisément de la mémoire le marqueur de l’identité personnelle. Et pourtant, il semble bien que si mon jugement comme ma mémoire se transforment tout le long de ma vie pour s’enrichir ou s’appauvrir, je considère bien que le nourrisson que je vois sur cette photo de famille est bien moi, que je ne meurs pas en changeant d’avis ou en oubliant quelque période de ma vie passée, et que quels que soient les opinions et souvenirs présents dans mon vieil âge, ils seront bien les miens. En d’autres termes, il semble qu’on puisse affirmer avec Pascal que comme la corporalité, l’orientation prise par ma pensée n’est qu’une qualité du moi et ne se confond pas avec lui. L’amant qui s’y attache ne m’identifie pas moi essentiellement. Il ne se lie qu’à des attributs contingents et périssables ». Pascal n’est en fait ici pas si éloigné de Descartes la chose pensante doit, certes, être comprise comme ce qui doute, conçoit, affirme et nie, mais indépendamment de la particularité de ce qui est conçu, affirmé ou nié. La preuve en est le caractère de péremption, attribué aux jugements et à la mémoire pour les différencier du moi. C’est la Sixième Méditation qui sert ici de soubassement, et la preuve de l’immortalité du moi le cogito, dont on se saurait concevoir la divisibilité, ne peut par suite subir quelque corruption. Toute rassurante que pourrait être cette pensée face à la mort, Pascal en dévoile, pour cette vie, les tristes conséquences personne ne peut m’aimer, car personne ne peut m’identifier. Quant à cette substance de l’âme, la pure chose pensante décrite dans Seconde et la Troisième des Méditations, Pascal explique que, parfaitement générale elle concerne toute subjectivité, elle est abstraite et donc ne s’offre pas à l’appréciation humaine [o]n n’aime […] personne, mais seulement des qualités ». Qui pourrait aimer indifféremment tout homme ? Qui souhaiterait être aimé exactement comme tout un chacun ? Et Pascal de conclure il n’est pas indigne de se faire estimer pour quelque rôle socialement établi, quelque honneur public que l’on aurait pu opposer aux œuvres sincères d’une intimité non compromise par la vie mondaine, car nul ne peut être aimé autrement que pour ce qu’il n’est pas, des attributs qu’il emprunte. Comme pour le fragment des deux infinis, Pascal, assume les renversements de paradigme de la modernité, mais c’est pour les retourner contre l’ambition qui les portait la subjectivité cartésienne n’est pas récusée, mais est mise en lumière sa stérilité, l’isolement vis-à-vis d’autrui qu’elle engage et donc son inaptitude à fonder, comme le voudrait Descartes, l’ensemble de la pensée philosophique les phénoménologues et existentialistes, qui reprendront à nouveaux frais, au début du XXe siècle, l’ego cartésien, se verront régulièrement achopper sur le problème du solipsisme. Comme pour le fragment des deux infinis, c’est tacitement une apologie de la religiosité chrétienne qui s’exprime – selon le projet initial des Pensées. Qui, en effet, pourra répondre au désir de chaque individu d’être identifié, aimé pour ce qu’il est véritablement, selon son essence propre, si ce n’est Dieu ? Il n’y a pas d’amour heureux – sauf dans la foi, car seule l’omniscience divine permet de dépasser l’aporie de la demande d’affection humaine. Tout autre lien doit être considéré comme superficiel, caduc. Pascal ne prouve jamais l’existence de Dieu. Il ne fait jamais de la foi une affaire de raison démonstrative, mais toujours une affaire de cœur. Si l’enthousiasme du libre-penseur pour les révolutions intellectuelles modernes est rabroué par la mise en lumière des implications de ces dernières, toute liberté lui est laissée de se porter ou non vers la religion il n’est question pour lui alors que de voir s’il préfère un univers sans possibilité d’amour et de reconnaissance personnelle à celui dans lequel ils peuvent être envisagés. Comme dans le fragment du pari, Pascal ne s’adresse, en dernière instance, qu’aux intérêts de l’incroyant désire-t-il vraiment s’enfermer dans la misère affective ? Souhaite-t-il vraiment se refuser à la jouissance ? 2/2 Justice, force. » Telle est la façon qu’a Pascal d’introduire la thèse qu’il développe quant à la relation entre ces deux concepts. Il va s’efforcer tout au long de son texte d’articuler les deux notions sans même user de connecteur logique pour ce qui semble être le titre de ce texte. Une simple virgule sépare ces concepts, preuve en est de la difficulté à appréhender les liens existants entre d’une part la justice, et de l’autre la force. La thèse principale qu’il expose, et qui fait l’objet du commentaire à suivre, veut que seule, l’idéal de justice est impuissant ; et seul, l’usage de la force est illégitime. Deux solutions apparaissent alors possibles. La première considère que la force se met soit au service du juste, ou alors elle doit incarner ce qui est juste. La seconde voudrait que la justice étant faible et souvent remise en question, la force indiscutable s’impose et se légitime par la force. Pascal a une basse estime de l’humanité qui, selon lui, verrait son idéal de justice succomber devant la force. En d’autres termes, à ce que l’on peut comparer à un dilemme du prisonnier, l’homme ne choisira pas la solution Pareto-optimale coopération entre justice et force pour une meilleure société, mais son inclination naturelle le mènera à un équilibre de Nash sous-optimal par définition une force tyrannique rendue légitime par sa pratique. À la lecture de ce texte, on peut se demander de quelle manière justice et force peuvent s’articuler sans que la seconde prenne le dessus sur la première dans un processus autodestructeur. L’étude de ce texte s’effectuant dans le cadre de la justice globale, le deuxième défi de ce commentaire sera d’appréhender en toute modestie la portée des écrits de Pascal quant aux questions de justice globale. Ainsi, si justice et force sont deux concepts a priori contradictoires, ils n’en sont pas moins complémentaires ; d’autre part, bien que leur alliance étant souhaitable, celle-ci est pourtant impossible et la force s’affranchira alors bientôt de la justice et, à terme, la remplacera ; enfin, nous étudierons la possibilité de tester l’argumentaire de Pascal en focalisant notre attention non plus sur la justice, mais sur la justice globale. Cette réflexion en trois temps s’achèvera donc par l’étude de la justesse et de la contemporanéité de ce texte dans le contexte contemporain du développement, bien que ces questions seront adressées tout au long du commentaire. I. La justice et la force semblent s'opposer en théorie, mais restent indissociables en pratique De prime abord, la justice et la force que tout semble opposer en théorie, reste selon Pascal, indissociables en pratique. Il semble ici nécessaire de rappeler ce que l’on entend par justice et par force, afin de ne pas se méprendre, car les deux définitions sont larges. Par justice, il faut comprendre à la fois la norme du droit et ce qui est en conformité avec cette norme acception juridique, mais aussi l’adéquation entre le mérite et sa rétribution acception morale. Ces deux versants du même concept sont inséparables, bien que l’idée d’une justice sociale à l’échelle étatique comme à l’échelle globale relève plus du second aspect. Il ne faut donc pas entendre par justice, l’institution qui applique les choix de sociétés en cette matière, le pouvoir judiciaire étant par définition un pouvoir de coercition, qui met en pratique les lois. Par force, Pascal est moins précis et laisse planer une certaine ambigüité. En effet, dans son texte elle est tour à tour une force d’oppression, une force tyrannique » qu’il faut dénoncer, puis une force de coercition, vertueuse, qui agit au service de la justice, et incarnée par l’institution judiciaire par exemple. Une fois cette mise au point indispensable réalisée, il nous est possible d’appréhender l’antonymie théorique entre justice et force. Justice et force sont donc contradictoires. Selon Pascal, il est juste que ce qui est juste soit suivi » alors qu’ il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi ». La justice relèverait donc de l’obligation, et la force de la contrainte. L’obligation morale comprend la possibilité de s’y soustraire. Ainsi la justice ne pouvant s’imposer d’elle-même, car l’homme étant par nature intéressé, quel intérêt a-t-il de se soumettre au juste quant il peut s’en abstenir ? La justice comme toute obligation est impuissante ». La contrainte ne laisse aucun choix à celui qui se la voit imposer. Par ce travers, on peut y voir le caractère oppresseur et despotique de la force. En pratique pourtant, ces concepts sont complémentaires. L’idéal de justice est vain s’il ne peut se reposer sur la force pour s’appliquer. La force a besoin de la justice pour être légitime. Il existe donc une interdépendance entre justice et force. Afin de pallier à leurs carences respectives, leur alliance devient indispensable. Elle peut se réaliser de deux façons selon Pascal en conférant la force à la justice, ou en rendant la force juste. La justice seule est vite remise en question du fait de son statut d’obligation morale. La force seule sera contestée pour son arbitraire. Ainsi, quelle que soit la solution retenue, la force confère à la justice un moyen de contraindre, et la justice confère à la force une morale que l’on se doit par définition de respecter. II. Comment la force s'affranchie de la justice Néanmoins, s’il est dans le meilleur intérêt d’associer justice et force, Pascal, pessimiste quant à la nature humaine, affirme que la force s’est affranchie de la justice. La justice étant un concept à géométrie variable selon les individus et reste de l’ordre de la morale, tandis que la force est indiscutable, la seconde va donc prendre le pas sur la première. Ainsi, la justice serait sujette à dispute », et ce pour deux raisons. Ce qui est juste pour un individu ne l’est pas forcément pour un autre. Comme toute norme, la justice est discutable, et dans un contexte global, ce qui apparaît pour juste pour un Etat sera peut-être contesté par un autre. Les démocraties occidentales trouvaient injuste l’apartheid sud-africain. Pascal affirmait par ailleurs vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà » que l’on peut comprendre à ce sujet comme dénonçant le relativisme que revêt la justice. L’universalité des Droits de l’Homme, ou encore l’intemporalité du second amendement de la constitution américaine sont souvent remises en question. Aussi, la justice est sujette à dispute par quiconque s’en affranchit, et donc par le fait qu’il s’en affranchisse. Il est en effet possible rappelons-le de se conformer ou non à la morale du juste. Ainsi, l’homme peut agir par immoralité. Rien ne l’y contraint, vu qu’il n’y est qu’obligé. Si l’homme était en tout temps et en tous lieux moral, l’établissement d’une norme serait inutile. La raison d’exister de toute norme est cette capacité qu’a l’homme de déviance vis-à-vis de la norme. On peut donc la discuter aussi en agissant immoralement, soit parce que l’on pense que la norme n’est pas morale, soit parce que l’homme peut aussi être intrinsèquement immoral. La force, quant à elle, est incontestable, sans dispute », et reconnaissable » de tous. Tout le monde s’y soumet. Contrairement à la justice, la force reçoit un consensus unanime quant à ses attributs. En d’autres termes, le fort est par tous perçu comme tel. Cela n’est donc pas tant que tout le monde consent volontairement au pouvoir du fort, mais plus tôt que tout le monde finit par plier devant le fort. Qu’advient-il donc quand le juste est disputé » par le fort ? Si tout semble céder devant le fort, la justice ne résiste pas à ce raisonnement. Dans une fable de La Fontaine, on dirait que la raison du plus fort est toujours la meilleure », même s’il ne faut pas chercher dans le terme meilleure » une dimension morale, mais plutôt l’attribut du vainqueur d’un combat. Tout comme le loup finit par manger l’agneau, la force prend l’avantage sur l’idéal de justice. Indissociables, car complémentaires, la justice et la force sont néanmoins incompatibles. Ces deux notions ne peuvent être associées, car la force peut tirer avantage de la faille de la justice – la faiblesse – mais la justice ne peut prendre un avantage de la faille de la force – sa non-légitimité –, et c’est la raison pour laquelle selon lui on n’a pu donner la force au juste ». Pascal utilise ici un postulat hobbesien avant l’heure. Il ne voit pas l’homme moral ou vertueux, mais violent. C’est ainsi que la force outrepasse la justice ; mais comment fait la force pour ne pas à son tour se voir contredite ? La tyrannie finit toujours par être renversée par les oppressés, qui un jour deviennent donc plus forts que la force despotique. Pour éviter cela, le fort se légitime en contredisant le juste. Comme le dit si justement Bourdieu, on sait que tout exercice de la force s'accompagne d'un discours visant à légitimer la force de celui qui l'exerce ». C’est donc une solution sous-optimale que la nature de l’homme l’a conduit à choisir. L’expression ne pouvant faire que » utilisée par Pascal renforce cette idée. Ce texte dont la portée est générique peut être aussi analysé sous le spectre de la justice sociale globale, et son examen nous conduit à considérer sa contemporanéité sur les questions du développement. III. La justice sociale globale obligation ou contrainte ? On peut ainsi, suite à la lecture de ce texte à la lumière des enjeux contemporains de développement, se demander si la justice sociale globale, à l’image de la conception de la justice de Pascal, relève de l’obligation, ou de la contrainte. Puis, il apparaît important d’examiner si le schéma selon lequel la force l’emporte sur la justice s’applique pour la justice globale. Bien que la théorie de la justice de Rawls place la justice sociale comme une contrainte issue de ladite rationalité des individus placés sous le voile d’ignorance, l’extension au niveau globale, ou plutôt interétatique, de cette notion en l’espèce est impossible. Il faut donc repenser la justice globale comme une obligation morale, à l’image de l’étude pascalienne de la justice. Rawls avec sagesse repousse l’idée d’appliquer ses principes de justice à l’échelle mondiale, car trop spécifique. Dans le Droit des gens, il circonscrit le principe de différence au périmètre des Etats Nations. En effet, il comporte une dimension contraignante puisqu’il ne rend pas seulement immoral le sacrifice des plus démunis à la faveur des mieux lotis, mais l’interdit simplement. La clause anti-sacrificielle rend non-transposable au niveau global le second principe de justice rawlsien, et donc sa théorie. La justice globale relèverait donc plus de l’obligation morale, voire du devoir imparfait kantien. En effet, le transfert de ressources, l’aide au développement, s’inscrit dans une logique de publicité de l’acte, et du mérite qu’un Etat en tire à en aider un autre. On ne peut pas punir un Etat qui ne contribue pas à la solidarité globale. Tout au pire, c’est son image qui est touchée. On ne peut pas interdire le sacrifice des plus désavantagés, mais au mieux rendre le respect de cette clause vertueuse. Se pose ensuite la question de l’application de cet idéal vertueux que nous appelons de nos vœux. Comment faire de cette norme un droit positif ? Comment contraindre à donner quand le don est par nature volontaire, donc auquel on peut se soustraire ? Rendre contraignante une obligation morale, n’est-ce pas là priver de morale ? Il est cependant certain que la justice globale telle que pratiquée actuellement relève bien de l’obligation morale, car de nombreux Etats cherchent à s’en soustraire en omettant volontairement de prendre en considération certains problèmes dans les pays en développement. L’apartheid sud-africain, système pourtant injuste s’il en est, a été soutenu par des démocraties libérales pendant des décennies, à l’image d’Israël. D’autre part, tout comme la justice globale est une obligation à l’image de la justice selon Pascal ; le schéma pascalien qui lie justice et force s’applique également à la relation justice globale et force. Le loup a aussi mangé l’agneau globale ». Le loup étant ici la loi du marché. Cette lex mercatoria ne régit non pas seulement les interactions entre les agents économiques à l’échelle globale, mais aussi les relations internationales. L’avènement des sciences économiques et la subordination des autres sciences sociales à celle-ci qui s’en est suivi n’y sont pas étrangers. Cette primauté de la loi de marché consacre la primauté du plus riche, du plus fort. La loi du marché recrée un état de nature hobbesien, caractéristique de l’argumentaire de Pascal. À cela s’ajoute également le déficit démocratique des institutions internationales, qui sont plus le lieu d’expression de la puissance des Etats les plus riches reproduction d’un système westphalien. Il paraît difficile de démontrer en quoi l’Organisation Mondiale du Commerce est un lieu d’expression de la volonté générale globale. La question des OGM qui tuerait l’agriculture vivrière comme non traitée lors du dernier cycle de négociation illustre aisément ce point. Ainsi, le fort global, soit les pays riches, a pris avantage sur l’obligation de justice globale. L’examen de ces questions au travers du prisme du texte de Pascal, nous montre que ce dernier dénote une certaine modernité. Conclusion Pour conclure, ce texte, plus qu’un simple exposé de la dialectique entre justice et force, nous renseigne sur la nature de l’homme, la faiblesse de la justice impossible à fortifier, et l’illégitimité de la force qui s’impose toujours et se substitue à la justice. La contemporanéité de ce texte, période où la question de la justice se pose dans les termes du développement, est étonnante. Le schéma pascalien qui veut que le fort domine le juste à défaut du contraire est une grille de lecture très pertinente pour les questions de justice sociale globale.

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